jeudi 11 décembre 2008

J'aurais aimé l'écrire...

...Voici la copie d'un mail que j'ai reçu aujourd'hui... une lettre au ministre de l'Education. J'aimerais l'avoir écrite !


Monsieur mon ministre,


Je viens d’apprendre par la presse que votre ministère allait dépenser 220 000 euros pour surveiller sur la toile tous les individus qui, en ayant l’outrecuidance de contester le bienfait de vos réformes, représenteraient un « risque d’opinion ».

Je m’étonne, en ces temps de crise, que vous vouliez dépenser l’équivalent de 8 ans du salaire d’un professeur certifié, 6e échelon (1) pour démêler les fils que tricotent, un blog à l’endroit un blog à l’envers, tous les Spidermen mal intentionnés, tapis dans les recoins de la toile.

Mazette ! Si j’avais su à temps que vous disposiez d’une telle somme, je me serais fait un plaisir de vous proposer mes services, car j’ai déjà répondu à de nombreuses enquêtes d’opinion et pour pas cher !

Si vous étiez plus démocrate et plus respectueux des gens, il m’eut été possible de répondre. Et j’eusse répondu. Alors j’aurai pu proclamer partout : « je répondis après qu’on m’eut interrogé » (2)

Monsieur mon ministre, si vous voulez faire des économies, au lieu d’écouter aux portes, demandez aux enseignants ce qu’ils pensent de vos réformes. Ils ont assez le sens des responsabilités et de la mesure pour faire le tri entre ce qui est discutable et ce qui représente un progrès.

Mais vous êtes tellement aveuglé par votre détestation des profs, et par votre peur d’un mouvement de protestation que vous préférez faire taire ceux qui posent les problèmes plutôt que de chercher à les résoudre.

Vous faites partout courir le bruit que notre système scolaire est mauvais, qu’il est incapable de réduire les inégalités culturelles, qu’il produit trop d’illettrés et de non diplômés. Certes notre école est imparfaite, nous en sommes conscients et nous voulons bien prendre notre part de responsabilité.
Mais devrais-je vous rappeler, Monsieur mon ministre, que vous œuvrez dans les hautes sphères de l’Education nationale depuis plusieurs décennies, comme d’ailleurs la plupart des hauts fonctionnaires qui tournent depuis des années d’une direction à un poste rectoral dans une infernale danse du balai. Vous avez aussi votre part de responsabilité, cet échec, c’est aussi le vôtre.

Monsieur mon ministre, votre mépris et votre peur du corps professoral font que plutôt que de l’informer de vos projets vous ne laissez paraître que de misérables bribes de vos intentions, alors que se développent rumeurs et supputations. Il vous est ensuite plus facile de démentir.

Au jour où nous écrivons, personne ne sait comment sera organisé le lycée de l’année prochaine, ni même ce qu’on y enseignera. Rien non plus sur la façon dont seront recrutés les futurs professeurs du primaire et du secondaire.
Seuls quelques privilégiés, dans le Saint des Saints ont le droit de connaître vos projets de réforme (3).

Il est plus facile de mentir à l’opinion que de l’informer et de l’affronter.
Vous préférez, avec un art consommé de la provocation, amuser la carpette médiatique et télévisuelle en lâchant une provocation hebdomadaire. Une semaine ce sont les enseignants de maternelle qui sont payés à changer les couches, une autre vous voulez punir les sauvageonnes et les sauvageons à coup de marseillaise apprise par cœur, à moins que vous ne vouliez les récompenser par des bons points.

On sent à votre imagination débordante, ce passé de littéraire qui n’a jamais dû accoucher que de rédactions laborieuses qui mises bout à bout finissent par faire une agrégation de la même couleur.

Môssieu mon ministre, tout ceci ne serait que broutilles, qu’un prurit qui me permettrait de me gratter là où ça me démange, si je ne me sentais pas dans l’obligation de me révolter contre la politique éducative la plus antisociale que l’on ait connue depuis Waldeck Rousseau (celui qui avait dit : « je suis un républicain modéré mais je ne suis pas modérément républicain »)

Deux exemples suffiront.

La suppression des RASED, ces réseaux d’aide et de soutien aux enfants en forte difficulté scolaire, familiale et affective dans lesquels des enseignants dévoués se sont investis, est une mesure de destruction sociale. C’est enfoncer ces enfants et leur famille dans la pauvreté intellectuelle. C’est une volonté de marginaliser encore plus les enfants issus des classes populaires. Vous savez ceux qui vous font peur et qui habitent dans les zones de non-droit où j’enseigne !

La suppression des Iufm et masteurisation des concours de recrutement des professeurs, condamne les futurs enseignants à un parcours de 5 longues années d’études. De fait, vous interdisez aux enfants issus des classes populaires l’accès à ce métier, car eux ou leurs parents n’auront jamais les moyens de financer un si long cursus universitaire.

Avant même le concours vous éliminez les enfants des quartiers difficiles. Le fossé culturel et social entre ceux qui enseignent et ceux qui sont enseignés ne peut que s’accroître avec tous les risques de tension que cela suppose. Sachez monsieur le ministre répressif et régressif que vous êtes un fauteur de troubles, un dangereux agitateur qui souffle sur les braises de la guerre sociale. J’espère qu’un jour elle vous culbutera. Je ne me fais pas de soucis pour vous, vous saurez rebondir et vous caser au chaud, dans la fonction publique, jusqu’à 70 ans.

* * *
(1) J’ai choisi cet exemple parce qu’un certifié au 6e échelon gagne un peu plus de 2000 euros par mois, ça facilite les calculs, d’autant que vous avez visiblement des problèmes avec la règle de trois.
(2) Cette phrase est inutile mais c’est pour le plaisir de mettre un passé antérieur, un temps avec lequel vous êtes fâché. Il est précédé d’un conditionnel passé deuxième forme.
(3) On sait aussi que vous avez une sainte horreur des fuites depuis l’époque où vous fûtes accusé d’avoir proposé à vos élèves des sujets proches de ceux du bac à venir.

Ruby, my funny dog

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Merci à LeParisien.fr vidéo censurée (Dalymotion et Youtube) ! Significatif !

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