Lu sur le site Mamanthé
Solange, brésilienne, professeur-chercheur en université,expulsée du territoire français...
Cette histoire qui circule actuellement par mail, n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de cas de personnes expulsées du territoire français.
Après vérification auprès d'un des universitaires expéditeurs de ce mail (nombreuses sont les "intox" qui circulent sur le net), il s'avère que cette histoire est bien réelle, qu'elle n'est pas un cas isolé et que des procédures extrêmement lourdes sont un réel frein pour la venue en France de personnes en provenance de l'étranger.
Cette affaire nous montre aussi que ce phénomène de rejet pour le moins "étrange" dans un pays qui se veut "terre des droits de l'Homme" peut toucher toutes les classes sociales.Après cette mésaventure Solange aura au moins eu la possibilité d'essayer de se faire entendre, et peut-être obtiendra-t-elle des explications en utilisant notamment le réseau universitaire.
Mais que dire des personnes qui n'ont aucune relation, pas de diplômes, et qui ne parlent que leur languenatale ?
Quels recours ont-elles une fois renvoyées de force dans leur pays ?
Solange, brésilienne, professeur-chercheur en université, expulsée du territoire français... Cette histoire se passe en 2009, année de la France au Brésil.
Début du récit de Yves B.
Honte et révolte sont les deux sentiments qui m'animent depuis vendredi dernier.Honte d'être français et révolte contre un pouvoir qui a comme ligne de conduite la répression dans tous ses états !Les faits : Vendredi 10 avril 2009 une amie brésilienne, professeur-chercheur en université, a été retenue par les services de la police française à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle et a passé la journée en rétention parce qu'elle n'avait pas une attestation d'accueil officielle mais seulement une attestation d'hébergement rédigée par Riviane et moi comme nous l'avions toujours fait pourtous nos amis brésiliens que nous avons accueillis depuis de nombreuses années.Malgré nos interventions répétées nous n'avons appris son incarcération que vers 18 h et son expulsion avec 16 autres brésiliens et brésiliennes par le premier avion en partance pour Rio de Janeiro à 21h50 le même jour.Nous avons appris par Solange que dans le groupe expulsé il y avait une jeune fille qui avait payé 5 jours d'hôtel alors que son billet était établi pour 7 jours. Je suis révolté, non seulement par les conditions de détention, mais aussi par la désinvolture et le manque d'humanité qui ressort de cette lamentable affaire et plus encore par la restriction de nos libertés individuelles qui découle des conditions de l'établissement de cette « attestation d'accueil » officielle qui est demandée par l'Etat français aux étrangers venant de l'extérieur de l'espace Schengen.En effet renseignements pris, on demande l'avis d'imposition de la personne qui accueille, trois quittances d'électricité, une quittance de loyer, l'état de salubrité du logement et la photocopie de la pièce d'identité entre autres renseignements et 45 euros de timbres fiscaux. Et la mairie ou la préfecture peuvent ne pas autoriser l¹accueil. La France a vraiment perdu son aura de « terre d'accueil ».N'avons-nous plus le droit de recevoir nos amis étrangers sans en demander l'autorisation ? C'est une restriction de plus de nos libertés individuelles.
Suite du récit de Yves B.Vendredi 10 avril , 14 heures, je suis à l'aéroport Charles de Gaulle venu accueillir notre amie brésilienne Solange França qui vient passer trois semaines avec nous. C'est l'occasion pour elle de fêter son 40ème anniversaire et de prendre aussi des contacts professionnels en vue d'un post-doctorat. Solange est professeur-chercheur à l'Université Santa Cruz de Bahia.L'avion s'est posé à l'heure.15 heures, pas de Solange ! 15h30, j'interpelle un policier et lui demande si tous les passagers sont sortis de la salle de débarquement. "Non, il y en a encore en salle de police !" 16 h, inquiet, je demande à un douanier qui passait s'il veut bien me dire si Solange França a quelque problème. Il revient dix minutes après "la personne est retenue par la police parce qu'elle n'a pas tous ses papiers en règle . Vous devez vous rendre dans la zone de fret 1 à ZAPI 3"Aucune indication dans la zone de fret 1 ne signale la ZAPI 3 ! Je finis par trouver. Là j'expose la situation et on me dit qu'on ne peut me donner aucun renseignement les personnes détenues n'étant pas encore transférées en Zone de détention. Elle me donne un numéro de téléphone à appeler entre 19 h et 20 h et me fait comprendre que je ne peux rester là.Vers 18h nous réussissons à avoir la ZAPI au téléphone "deux problèmes : attestation d'hébergement non officielle et problème d'assurances." Nous arrivons devant la grille de la ZAPI à 19 h 20 Là, "c'est fermé revenez demain matin à 8 h".
Une pancarte signale les horaires de "visite" de 19 h à 20 h.Nous nous rendons à l'aéroport et nous demandons à voir l'officier de police de quart. Nous expliquons à un policier que nous n'étions pas au courant de l'attestation d'accueil délivrée par la mairie ou la préfecture mais que nous avons fourni une attestation d'hébergement sur papier libre. L'officier de quart dit "impossible !"Notre amie a été renvoyée dans son pays à 21 h 50 sans qu'on ait pu la voir !
Yves B. Paris
Le récit de Solange F.
Comme tous mes amis le savaient j'avais programmé d'aller à Paris en vacances, visiter un couple d'amis Yves et Riviane, fêter mon anniversaire, établir des contacts avec des instituts de recherches et d'enseignement et de réaliser mon rêve de connaître la FranceJe suis partie d'Ilhéus le 9/4/09 à 12h32, destination Salvador de Bahia puis de Salvador de Bahia destination Paris, arrivée à l' Aéroport Charles de Gaulle à 14 heures le 10 /04/2009.
Au sortir de l'avion dans l'aéroport CDG, j'ai été retenue pour la vérification des documents. J'ai été conduite sans aucune explication dans une salle de la police française (DPAF de Roissy). Une policière a alors demandé de vérifier mon passeport, mon billet d'avion de retour, l'argent disponible, l'attestation d'hébergement et mes assurances.
Pour prouver mon hébergement j'ai présenté une attestation d'hébergement faite par Yves et Riviane Bellenand, ce couple d'amis qui devaient m'héberger durant tout mon séjour à Paris.
Je lui ai expliqué que je n'avais pas d'assurances spéciales mais j'ai présenté ma carte d'assurance privée brésilienne, un bulletin de salaire émis par le gouvernement de l'état de Bahia datant de mars 2009, montrant que je suis en activité à l'Université de Santa Cruz à Bahia (Brésil) comme enseignante-chercheur.
Sans autres explications, j'ai été conduite avec deux autres personnes vers une autre salle de la police dans laquelle se trouvait déjà un autre brésilien.J'ai demandé des explications au policier à l'accueil mais il m'a dit de m'asseoir avec un ton de voix menaçant et agressif.
A ce moment là, j'ai réalisé que j'allais être expulsée de France et que je ne pourrais pas demander des éclaircissements parce que je craignais d'être considérée comme "agressive" ce qui pourrait aboutir à des événements encore plus graves comme par exemple être mise en prison sur le territoire français.
Plus tard un autre policier a mis des gants et a demandé au brésilien de le suivre dans une autre salle. Dix minutes plus tard un autre brésilien a été aussi emmené. Après deux policières ont demandé à deux autres filles qui nous avaient rejoint d'aller dans une autre salle. Après ça a été mon tour.
Dans cette salle il y avait mon sac à dos et mon sac à main. J'ai dû mettre tout sur une table et m'éloigner de mes affaires et les deux policières ont tout fouillé. Elles ont confisqué mon passeport et mon argent (200 réals, 100 dollars et 1800 euros). A ce moment-là j'ai demandé à nouveau des éclaircissements sur l'expulsion mais une policière m'a dit de "fermer ma gueule" sur un ton menaçant.
L'autre policière s'est alors rendue compte que je ne constituais pas un risque pour la sécurité française et qu'ils avaient commis effectivement un excès de zèle en m'empêchant de rentrer en France.
J'ai de nouveau présenté à cette policière mon bulletin de salaire mes trois cartes de crédit (Visa Ourocard Platinum, Mastercard Ourocard Platinum et Ourocard Gold toutes émises par la Banque du Brésil), l'attestation d'hébergement et des e-mails des professeurs et collègues de travail avec lesquels j'avais l'intention de m'entretenir durant mes vacances.
En effet j'envisageais de faire un post-doctorat en France dans un futur proche. J'ai montré l'e-mail du professeur Henri P. (professeur français à l'UESC - Université de l'Etat de Santa Cruz à Bahia, Brésil) qui est en ce moment en stage post-doctoral au Laboratoire d'Astrophysique de Marseille), de Michel Jean D. (français, biologiste, qui travaille à Intervivos et de Marcelo de P. C., chercheur brésilien, en stage post-doctoral au LATMOS (Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales).
J'ai expliqué que je n'avais pas d'invitation officielle pour visiter ces laboratoires parce que j'étais en vacances, mais que, même en tant que touriste, et comme coordinatrice de recherches de l'Université j'allais aussi prendre des contacts professionnels pour envisager un post-doctorat et pour articuler avec des institutions françaises la soumission de projets dans le cadre du 7ème Programme pour l'Investigation et le Développement Technologique de la Communauté Européenne.
Quand j'ai demandé à cette policière comment je pourrais inverser la situation, elle m'a informé que ce serait seulement possible grâce à une intervention de l'ambassade du Brésil en France, et que dans la salle ou j'allais être "détenue" il y avait un téléphone et que je pourrais m'en servir. La même policière m'a donné le numéro de téléphone de l'ambassade (01 43 59 89 30).
J'ai été conduite dans une salle de détention ou il y avait déjà 5 autres personnes détenues. J'avais uniquement les vêtements que j'avais sur moi, un papier avec les numéros de téléphone de Henri et de Riviane et celui de l'ambassade. Mon sac à dos et mon sac à main sont restés par terre dans un couloir d'accès à cette salle et mon passeport et mon argent ont été retenus par la police française.
J'ai appelé le numéro de l'ambassade qui répondait seulement avec un répondeur indiquant un numéro à contacter pour les urgences (06 80 12 32 24). J'ai laissé un message sur un deuxième répondeur pour expliquer ma situation. "Détenue dans un aéroport d'un autre pays, désespérée, espérant une aide officielle du Brésil je n'arrive à parler qu'à un répondeur".
Avec un unique téléphone dans une salle de détention où se trouvaient maintenant quinze autres personnes j'ai enfin réussi à parler avec mon ami Henri qui était à Marseille en lui demandant de me venir en aide et de contacter l'ambassade du Brésil en France et avec mes amis Yves et Riviane qui se trouvaient à l'aéroport Charles de Gaulle, essayant de résoudre le problème.Le temps passait, quelques personnes désespérées, d'autres en larmes dans une salle pas propre et où il y avait seulement dix places assises avec un unique téléphone disputé par tous.
L'énervement, le sentiment d'insécurité et le désespoir augmentaient. Je crois vers 17 heures (je n'avais pas de montre) on nous a apporté de la nourriture dans un sac : une boite de salade au thon, un morceau de pain, un paquet de chips, une bouteille d'eau et un dessert crémeux de bananes et pêches qui a servi a écrire les numéros de téléphones que nous obtenions sur le mur de la salle de détention (nous n'avions ni papier ni crayon !).
Vers 18 heures nous étions tous conduits de nouveau dans la salle du département de police où un interprète allait nous signifier notre expulsion. Plusieurs personnes désespérées voulaient des éclaircissements mais en réalité c'était une formalité de plus qui était destinée à nous informer que nous quitterions la France par le premier vol et que la seule solution était de signer les termesdu "refus d'entrée en France" composé de 5 pages toutes écrites naturellement en français.
Puis on est retourné dans la salle de détention ou j'ai réussi à avoir au téléphone un fonctionnaire du consulat du Brésil qui était au courant de ma situation ayant écouté le répondeur et ayant parlé avec mon ami Henri. Il m'a informée qu'il ne pouvait rien faire et que je devais retourner au Brésil. J'ai réussi à parler avec Yves et Riviane qui étaient toujours à l'aéroport et qui avaient déjà fait des tentatives inopérantes pour prouver qu'ils allaient vraiment m'héberger chez eux.Vers 21 heures le 10 avril 2009 la police française m'a rendu mon argent et j'étais conduite avec 16 autres brésiliens escortés par 10 policiers français, à la porte d'embarquement pour prendre le vol Tam JJ 8055 destination Rio de Janeiro.
En arrivant à Rio le personnel de la TAM - inefficace et montrant leurs préjugés - m'ont rendu mon passeport et j'ai été conduite à la police fédérale brésilienne pour ensuite prendre un vol destination Salvador de Bahia, et autre destination Ilhéus. J'aurais dû avoir mes valises à l'aéroport de Rio de Janeiro mais je ne les ai pas encore reçues (le 13 avril) !
Enfin après plus de 75 heures pénibles mon amie Anna Cristina SHILLING m'attendait tendrement et avec solidarité à l'aéroport d'IlhéusJe remercie beaucoup mes amis Henri P., Yves et Riviane B. qui en France ont essayé de résoudre cet énorme problème.Je remercie de leur solidarité mes amis français Yvonnick Le P. et Michel Jean D. et je remercie Anna C. d'être toujours présente dans les moments difficiles. Et maintenant je voudrais formuler quelques remarques et questions :
- L'agence de voyage brésilienne aurait dû m'informer des documents nécessaires pour le voyage. J'ai posé la question au moment de l'achat du billet ;
- La compagnie aérienne pourrait informer ses clients des documents nécessaires pour le voyage en France
- L'ambassade et le consulat brésilien en France n'étaient pas ouverts le vendredi et la personne de garde ce jour là n'a pas montré le moindre intérêt à résoudre la situation
- On ne peut plus visiter ses amis en vacances ? Est-il obligatoire de rester à l'hôtel ?
Cordialement, Solange
Et des nouvelles du LKP
Pointe à Pitre, Guadeloupe, le 14 mai 2009.
Encore une fois l’Etat français, avec la complicité des principaux élus de Guadeloupe, utilise son appareil répressif contre la jeunesse, contre les travailleurs, contre le peuple de Guadeloupe.
N’arrivant pas à faire reculer le mouvement en cours depuis 5 mois contre les pwofitasyon, à l’appel des organisations de Guadeloupe, singulièrement des organisations syndicales, l’Etat français a décidé d’actionner son appareil de répression judiciaire. Rappelons que ce mouvement a déjà permis la signature de l’Accord interprofessionnel, Accord Bino du 26 février 09, de 200 euros d’augmentation des bas salaires, la signature d’un Protocole d’accord le 4 mars 09 suspendant ainsi la grève générale qui avait commencé le 20 janvier 09.
Ainsi assistons-nous à une cascade d’enquêtes judiciaires et de procès :
- Le 8 mars ouverture d’une enquête judiciaire contre Elie DOMOTA, secrétaire général de notre syndicat et porte-parole de LKP ;
- Le 15 mai : procès des jeunes de Gourbeyre ;
- Le 19 mai : Pour avoir dénoncé les écoutes illégales dont ils étaient victimes, Maîtres Sarah ARISTIDE et Patrice TACITA sont convoqués au tribunal de Pointe- à Pitre par un juge du tribunal de grande instance de Paris ; le procureur général de la cour de Basse-Terre ayant demandé le dessaisissement de l’affaire par le juge d’instruction du tribunal de Pointe à Pitre ;
- Le 20 mai : Convocation devant la chambre de l’instruction de Michel MADASSAMY et de Gabriel BOURGUINON, dirigeants de l’UGTG; a noter que maîtres S. Aristide et P. Tacita sont leurs avocats ;
- Le 26 mai : procès de Raymond GAUTHEROT, ancien secrétaire général de l’UGTG; condamné en première instance à trois mois de prison ferme.
- Le 29 mai : procès de Jocelyn LEBORGNE, membre du Conseil syndical de l’UGTG;
- Le 4 juin 2009 : Procès du camarade Max Delourneau, pour sa participation aux mobilisations du LKP.
- Le 9 juin 2009 : Procès du camarade Christophe THEOPHILE, membre du Conseil syndical de l’UGTG.
Parce que les travailleurs avec leurs syndicats ne capitulent pas devant les coups qui leur sont assénés de toutes parts : grèves et manifestation massive des salariés grévistes pour faire appliquer l’Accord Bino intégral, refus de l’amputation par le gouvernement, mobilisations contre les menaces et chantages aux licenciements.
Parce que le 1er mai 09 il y avait plus de 30 000 manifestants à Petit Canal ;
Parce que le LKP continue d’obtenir satisfaction dans les négociations sur la plate-forme de 146 points qui se poursuivent avec le soutien massif de la population. C’est par milliers que les jeunes, les chômeurs, les travailleurs, les retraités, participent aux meetings dans les communes à l’appel de LKP.
Chers camarades, Chers amis, C’est grâce à la détermination des travailleurs et du peuple de Guadeloupe, par la grève générale de 44 jours, par la mobilisation de la population, jusqu’à 100 000 manifestants, que nous avons pu obtenir satisfaction sur les revendications négociées, c’est aussi grâce à votre solidarité.
Au nom du droit des travailleurs et du peuple de Guadeloupe à se battre pour leurs légitimes revendications et barrer la voie à la répression, nous faisons à nouveau appel à la solidarité internationale.
Le secrétaire général, Elie Domota