Madame

Petite et toute menue vous êtes apparue
Au soleil de midi au détour de ma rue
De cette voix si claire, vous m'avez parlé
Et je vous ai écoutée émue et charmée

Perçant entre les plis de votre visage
Plus que la sagesse de votre âge
L'azur de votre regard était amical
Autant que vos mots furent un don peu banal

A quelques jours de là, vous croisant par hasard
Marchant à petits pas le long du boulevard,
Je vous ai donné mon bras, nous avons flâné
Devisant calmement comme amies retrouvées

Vous parliez d'autrefois, de cette jeune femme
Militante et rieuse pleine d'ardeur et de flamme
Pour combattre l'injuste, aimer, partager
Ecrire des poèmes voire des pamphlets !

Vous parliez à regret de ces temps éloignés
Où vous fûtes avant l'heure féministe vraie !
Pestant contre le temps qui fuit, vous altère
Vous laissant sans forces mais encore fière

De conserver le don de vous insurger
D'écrire, de donner, et même de pleurer
Votre voix doucement enveloppait mon cœur
Et je trouvais en vous la plus belle âme sœur

Chère vieille dame, je garde pour toujours
La magie qui durant quelques instants trop courts
A vu nos ressemblances et la pure amitié
Nous rapprocher bien mieux qu'un lien de parenté

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