J’ai souvent parlé ici de politique, d’humanité, de sujets divers et variés.
Aujourd'hui ce sera un message un peu différent... quoi que ?
Dans le cadre de mon poste de travail, je suis amenée à recevoir les demandes les plus diverses, simples ou farfelues, formulées avec gentillesse, courtoisie ou agressivité, humour parfois.
Dans le cadre de mon poste de travail, je suis amenée à recevoir les demandes les plus diverses, simples ou farfelues, formulées avec gentillesse, courtoisie ou agressivité, humour parfois.
Je mets un point d’honneur à trouver la réponse la plus adaptée à chaque demande et croyez que ça n’est pas toujours aussi simple que ce que l’on croit.
Hier, je me suis trouvée en difficulté pour répondre à un appel téléphonique d’une personne dont le désarroi était plus que perceptible.
Une dame, institutrice en retraite, âgée d’une soixantaine d’années, appelle le service "communication" pour obtenir les coordonnées de ce qu’elle pense être une association : le CCAS.
Hier, je me suis trouvée en difficulté pour répondre à un appel téléphonique d’une personne dont le désarroi était plus que perceptible.
Une dame, institutrice en retraite, âgée d’une soixantaine d’années, appelle le service "communication" pour obtenir les coordonnées de ce qu’elle pense être une association : le CCAS.
Or, le CCAS, chez nous, c’est le Centre Communal d’Action Sociale et donc, pas du tout une association mais un service municipal avec les contraintes que l’on peut imaginer et, des personnels qui à force de voir, au quotidien, grandir la misère et la précarité ont dû se "blinder" pour ne pas être déprimés dès 8h30 du matin d'autant que les moyens d'action sont de plus en plus restreints !
J'explique donc à cette dame ce qu'est le CCAS... et les limites qui sont les siennes. Elle me répond qu’elle est dans une situation "délicate" et me dit tout à trac qu’elle se retrouve "à la rue" avec ses affaires dans un sac plastique, comme une clocharde"… rajoute –t-elle.
Sentant la détresse de ma correspondante, j’appelle une collègue au bureau "urgence sociale" et lui expose la situation… à laquelle elle répond qu’il faut que la personne appelle le 115 qui lui proposera un hébergement en centre d’accueil.
Je répercute cette information à ma correspondante qui me dit "qu’elle pense qu'il est au dessus de ses forces de se retrouver dans un centre d'hébergement comme une SDF (visiblement elle n’a pas encore appréhendé le fait que sa situation fait d’elle une SDF) avec des gens violents et qu’en plus, en tant que femme elle se sent en danger dans la rue".
Je la comprends tout à fait mais, que suis-je sensée faire et par-dessus tout que PUIS-JE FAIRE ???
Sur le plan purement professionnel, je dois lui communiquer le numéro du Samu Social et la laisser se débrouiller avec ça.
Mais, sur le plan humain???
Puis-je décemment dire à cette personne, "je ne peux rien pour vous, au revoir madame" et reprendre le cours de ma journée comme si de rien n’était ???
Je ne peux pas !
Et mieux que ça, je ne dois pas, si je veux rester fidèle à moi-même et à mes convictions sur la solidarité et l’humanisme !
Alors je me creuse la tête pour trouver une solution… et, la seule qui s’offre à moi, c’est d’appeler les relais du cœur. Mais, à 11h30, c’est fermé, en plus nous sommes en juillet et certains des bénévoles doivent être absents. Alors je prends sur moi d’appeler le "président" de l’association sur son portable.
Je lui expose le cas et le convainc de prendre la communication avec cette dame qui depuis le temps est toujours au téléphone dans l’attente d’une solution éventuelle.
Mais, sincèrement je me sens mal de n’avoir pas pu lui dire, venez chez moi, je vous hébergerai quelques temps… Suis-je dingue?
Mais, sincèrement je me sens mal de n’avoir pas pu lui dire, venez chez moi, je vous hébergerai quelques temps… Suis-je dingue?
Peut-être un peu je l'avoue.
Mais la société dans laquelle nous vivons est devenue tellement "personnelle" que je ne sais pas ce qu’il va advenir de gens qui pour une raison aussi "simple" qu’une dette de loyer ou un quelconque problème financier.
Dans un pays où le social est dans le collimateur du gouvernement qui n'hésite pas à détruire le moindre de nos acquis sociaux, il faut s'attendre à voir se multiplier les cas de ce type.
Pour prendre l'exemple de cette personne, quels sont ses "torts" ? Elle a travaillé toute sa vie, elle a enseigné, éduqué des générations, payé ses impôts, cotisé pour sa retraite et pour quel résultat ? Etre à la rue à soixante ans !
Je ne sais pas ce qui a généré cette situation, mais je trouve inadmissible qu'en France, il soit possible en 2008, de se retrouver SDF parce que l'on ne parvient plus à payer son loyer ou pour quelque motif que ce soit !
J'ai déjà parlé ici de mes propres difficultés, du fait que je suis moi-même "sur le fil" et que je ne parviens à maintenir l'équilibre qu'en me privant de plus en plus souvent de ces petites choses qui font "plaisir" et qui permettent de supporter un quotidien de plus en plus ardu !
Il est clair qu'avec tout ce que le gouvernement nous prépare encore, il faudra se priver de plus en plus... Mais, sincèrement j'ai honte de voir ce que sa majesté et ses sbires font du pays.
Avec l'adoption de la loi sur "l'offre raisonnable" qui va précipiter les chômeurs dans des situations inextricables, des réductions d'indemnisation, voire une radiation pure et simple, nous nous dirigeons vers l'inexorable scission de notre pays en deux clans définitivement opposés "les nantis et les pauvres" !
Cela n'est pas nouveau mais la disparition de la classe moyenne est déjà bien entamée.
Bientôt, la révolte des gueux ???
Bientôt, la révolte des gueux ???